Etat moderne
1. LES CONFLITS INTERIEURS ET INTERNATIONAUX IMPLIQUANT LES MONARCHIES EUROPEENNES PRECIPITENT LA FORMATION DE L’ETAT NATIONAL MODERNE SUR LES DECOMBRES DE LA CHRETIENTE MEDIEVALE. LA PHILOSOPHIE POLITIQUE, A PARTIR DE MACHIAVEL OU DE HOBBES, PREND ACTE DE CETTE TRANSFORMATION.
1.1. La genèse du concept moderne d’État accompagne la naissance d’une entité politique nouvelle, entre la fin du Moyen Âge et la Révolution française.
Le type de pouvoir qu’il est convenu d’appeler « l’État moderne », et qui s’oppose nettement aux monarchies traditionnelles de l’Europe médiévale, est apparu progressivement et s’est consolidé du XVIe au XVIIIe siècle, si bien que l’État monarchique de Louis XVI possède une légitimité et des structures fort différentes de celui de François Ier. À bien des égards, les actuels États-nations de l’Europe occidentale sont encore les héritiers de cette mutation fondamentale, qui ne s’est produite que bien plus tard sur les autres continents, souvent, du reste, à la suite de fortes influences européennes. Cette mutation a été pensée et menée à bien par des philosophes politiques et des gouvernants de premier plan, généralement dénués de scrupules, mais parfois doués d’une grande subtilité, qui ont réussi à imposer un raisonnement et une pratique fondée sur la « raison d’État ». Parmi les principales figures, on citera le cardinal de Richelieu, Mazarin, Louis XIV, Frédéric II de Prusse, et, chez les penseurs, Machiavel en Italie et Hobbes en Angleterre.
L’État, en tant que communauté politique rassemblant des gouvernés sous une même autorité, existe certes depuis l’Antiquité. Néanmoins, l’État moderne est qualitativement différent des formes politiques qui l’ont précédé. Il exprime l’aspiration à un pouvoir rationnel, organisé, dans un cadre géographique limité par l’existence d’autres États de même nature à ses