Ethique et poétique dans lolita de nabokov

2768 mots 12 pages
Publié par Vladimir Nabokov en 1955, Lolita est de ces romans que les subtilités stylistiques et langagières transforment en prose. Du caractère profondément érotique du livre, Nabokov disait même que c’était là « son histoire d’amour avec la langue anglaise », et celui-ci a été décrit par Maurice Couturier (critique et traducteur du roman) comme du « poérotisme », une poétique s’appuyant principalement sur l’attirance sexuelle. Mais c’est surtout le caractère amoral du livre qui fit sa réputation : la description de la relation entre le professeur cinquantenaire Humbert Humbert et sa belle-fille d’une douzaine d’années Dolores « Lolita » Haze continue encore aujourd’hui de choquer les esprits, et les termes « lolitas » et « nymphettes », dont la paternité fut revendiquée par l’auteur, sont aujourd’hui passés dans la langue et renvoient directement à la pédophilie dans l’imaginaire collectif.
Si le roman a suscité tant de polémiques, c’est que Nabokov a parfaitement réussi à brouiller les pistes. En donnant le pouvoir de la narration à Humbert, le pervers par excellence, il entraîne le lecteur dans un dédalle de pensées inavouables ; dans le même temps, l’histoire de Lolita est encadrée par deux passages méta-textuels, une préface au nom du docteur « John Ray Jr. » qui met en garde le lecteur contre les séduisantes subtilités du pédophile assassin, et une postface signée de l’auteur affirmant au contraire que le livre ne « trimballe aucune morale » (has no moral in tow) et vise une forme de « félicité esthétique » (aesthetic bliss). Pour pouvoir savourer la poétique de Lolita, il faut donc éviter les pièges tendus par le narrateur, qui cherche bien sûr à faire cautionner ses actes ignobles par le lecteur-jury, mais sans pour autant tomber dans une condamnation morale qui pousserait plutôt à refermer l’ouvrage. Voilà donc le défi singulier adressé au lecteur de Nabokov : pouvoir s’émanciper de son éthique personnelle au nom de la poétique du texte, et donc de

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