La théorie stoïcienne consiste à contempler le cosmos où règne l’harmonie et l’ordre d’où émanent le juste et le beau. Pour les stoïciens l’ensemble de l’univers, c’est le cosmos, analogue a un être vivant. Le monde matériel, l’univers tout entier est au fond comme un gigantesque animal dont – chaque élément – chaque organe – serait admirablement conçu en harmonie avec l’ensemble (36). Bien sûr il peut se produire des catastrophes, mais ce ne sont que des dysfonctionnements provisoires dont l’origine est à rechercher, comme le bon fonctionnement lui-même, dans le grand tout cosmique. ..l’univers tout entier que les Grecs nomment le "divin" (theion)(36) …n’est pas le fait, comme chez les juifs ou les chrétiens, d’un être créateur, extérieur au monde, il est le monde même… c’est la totalité du monde qui est divine, et non pas un être extérieur au monde qui l’aurait créé, pour ainsi dire du dehors (38) Nous devons contempler le divin c’est-à-dire le cosmos dont nous faisons partie sans recourir à une quelconque transcendance. On peut accéder à la compréhension du monde car le divin (= le monde) est rationnel et régit par la logique. En étudiant le cosmos, par nous mêmes, nous découvrirons le modèle à suivre tant pour notre morale que pour la politique. Puisque le cosmos est harmonie, Marc Aurèle nous rappelle que "Tout ce qui arrive, arrive justement; c’est ce que tu découvriras si tu observes les choses avec exactitude …comme si quelqu’un vous attribuait votre part suivant votre dû." (39) L’homme n’a pas à se soumettre à un Dieu tutélaire extérieur au monde, mais doit comprendre ce qui est, et modéliser ses actions en prenant exemple sur l’harmonie du cosmos… on n’est pas très loin de la sagesse de Francis Bacon (†1626) qui, à la Renaissance, prétendait "qu’on ne soumet la nature qu'en lui obéissant". On n’est pas loin non plus de l’ironique "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles " du Candide de