Evaluation d'entreprise
Marie J. Bouchard et Jean-Marc Fontan1
INTRODUCTION Depuis quelques années, l'appel fait à l'économie sociale pour élargir sa sphère d’activités suscite un débat quant à la capacité de cette dernière de répondre aux attentes qui lui sont adressées. Opérer un élargissement trop rapide pourrait entraîner une dilution des principes d’action mis de l’avant. Ne pas profiter d’une telle opportunité pourrait faire croire à une incapacité de l’économie sociale de profiter d’une chance inespérée de sortir de la marginalité. Entre ces deux options, il se dessine une voie intermédiaire proposant un élargissement contrôlé soumis à un processus d’évaluation. Mais voilà, à partir de quels outils est-il possible d’évaluer ce répertoire organisationnel lorsque l’histoire de la méthodologie évaluative nous montre le biais évident des méthodes utilisées à l’égard d’un rationnel productiviste ? Par l’intermédiaire de ce texte, nous développons un cadre de référence pour une méthode évaluative adaptée aux entreprises de l’économie sociale. L’analyse de la littérature évaluative, dont celle présentant l’évaluation de quatrième génération, nous incite à proposer un saut qualitatif important en matière de méthodologie évaluative. Les avancées associées à la méthodologie évaluative dite de quatrième génération conviennent en partie. Toutefois, force est de constater que l’évaluation de quatrième génération ne s’est pas encore détachée de l’idéologie productiviste. Si elle privilégie une négociation entre les parties sur les enjeux de l’évaluation, cette négociation demeure dans les limites de l’intérêt particulier de chaque partie. L’intérêt général sociétal, propre à l’historicité, n’est pris en considération que pour légitimer le discours sur l’intérêt particulier. Dépasser l’intérêt particulier et négocier autour de la question de l’intérêt général replace l’évaluation dans la sphère