Existe t-il des guerres justes?
Le retour des doctrines de la guerre juste dans les discours des grandes puissances pourrait suffire à en condamner le concept. Ces doctrines ne servent-elles pas de masque aux puissances qui tentent de justifier leurs entreprises impérialistes sous prétexte d’interventions armées faites au nom du droit, de l’humanitaire ou de la démocratie ? Dénoncer une guerre comme injuste, ou refuser les usages politiques qu’on peut en faire, suppose des catégories morales et juridiques permettant de dégager des critères de justice applicables à la guerre.
I. Différents concept de la guerre juste
1.On distingue généralement trois grandes catégories pour les théories de la guerre juste.
La première concerne la légitimité de l’entrée en guerre : il s’agit de ce que l’on nomme le jus ad bellum, ou le droit de la guerre. Dans la majorité des cas, on dira d’une guerre qu’elle est juste si, et seulement si, elle est défensive. On utilisera alors, ce qui peut être critiquable mais possède indéniablement une valeur pédagogique, une analogie entre le droit d’une personne à se défendre contre un agresseur et celui d’un État à se défendre contre toute attaque perpétrée sur son territoire ou sur ses citoyens. La question se complique quand il s’agit de penser la guerre dite préventive, lorsqu’une menace contre un État est si grande qu’elle peut être vue comme une forme d’agression. En d’autres termes, si un État peut se défendre contre un ennemi, il semble absurde qu’il soit obligé d’attendre que l’ennemi passe à l’action. Si tout semble indiquer que l’ennemi commettra l’agression, il est légitime de réagir avant qu’elle n’ait eu lieu. Mais tout n’est pas si simple. L’agression n’étant pas effective, puisqu’il s’agit d’une menace, qui sera en mesure d’en juger la gravité en toute impartialité ? On le sait, la thèse de la guerre préventive allait précisément mener les Américains dans le chaos de la guerre d’Irak.
2.La deuxième catégorie est celle du droit dans la