Explication du texte de schopenhauer
Schopenhauer observe l'homme de son siècle, celui dont nous sommes les héritiers, qui met au principe de ses actes, le bien-être, le confort, les jouissances matérielles, le loisir ou encore la santé. Il faut produire pour consommer, soulager nos besoins. Le XIXe siècle veut en effet que ce soient là les conditions nécessaires de l'humanisation. L'ennemi est donc clairement désigné : la souffrance, le malaise, l'angoisse, l'ennui qui sont des risques d'aliénation. Le temps du désir étant le temps du trouble et du manque, il devient un fardeau dont nous devons le plus rapidement possible nous débarrasser, au moins l'écourter dans la mesure du possible.
C'est ainsi que nous avons fait d'une rapide satisfaction des besoins et de la quête du plaisir qui s'ensuit, une valeur : l'utile.
Mais ce parcours du combattant mène-t-il vraiment au repos du guerrier ? Pouvons seulement atteindre un état durable de sérénité sur le plan du corps et de l'esprit ?
Schopenhauer dénonce l'illusion de cette entreprise : c'est un leurre de libération, car satisfaire nos besoins ne nous permettra jamais de passer d'un état moindre à un état supérieur. Nous essayons vainement d'échapper à notre condition de souffrants en apaisant momentanément notre mal comme le fait un baume sur une plaie béante qui ne cicatrisera pas. Autant lutter contre des moulins à vent. Ce n'est qu'une illusion de progrès car nous nous battons pour échapper à l'angoisse mais tout nous y ramène nécessairement. (Penser au feuilleton « Le prisonnier »). Essayer d'échapper à sa souffrance constitutionnelle est une quête pitoyable, vaine, illusoire, impossible et dégradante. Toute satisfaction n'est jamais que provisoire : le bien convoité n'est qu'un antalgique pour combattre une douleur nécessaire. Prendre de aspirine pour soulager le mal ne suffit pas à rendre heureux, car dès que la douleur s'apaise, je l'oublie. L'homme ne peut sentir durablement que la douleur. L'absence de douleur ne se sent pas en