Exposé sur l'alimentation et la forme de l'alimentation
63 % des ouvriers (et 56 % des paysans contre 48 % des cadres, professions libérales et industriels) disent avoir une opinion favorable de celui qui aime bien manger et bien boire. »« au restaurant ils choisiraient un plat cuisiné plutôt qu’une grillade (comme font les cadres « supérieurs) ou qu’ils prendraient à la fois fromage et dessert (ce qui se comprend si l’on sait que, par sa rareté même, la sortie au restaurant est pour la plupart d’entre eux – 51 % des agriculteurs, 44 % des ouvriers n’y vont pratiquement jamais contre 6 % des membres des classes supérieures – quelque chose d’extraordinaire, associé à l’idée d’abondance et de mise en suspens des restrictions ordinaires). Même en matière de consommation d’alcool, où le poids de la légitimité est sans doute plus grand, les membres des classes populaires sont les moins enclins (35 % pour les …afficher plus de contenu…
Il suffit d’observer que la restriction des dépenses alimentaires, et en particulier des plus terrestres, des plus terre à terre et des plus matérielles d’entre elles s’accompagne d’une restriction des naissances, pour être en droit de supposer qu’elle constitue un aspect d’une transformation globale du rapport au monde : le goût « modeste » qui sait sacrifier les appétits et les plaisirs immédiats aux désirs et aux satisfactions à venir s’oppose au matérialisme spontané des classes populaires qui refusent d’entrer dans la comptabilité benthamienne des plaisirs et des peines, des profits et des coûts (par exemple pour la santé et la beauté). C’est dire que ces deux rapports aux nourritures terrestres ont pour principe deux dispositions à l’égard de l’avenir qui sont elles-mêmes dans une relation de causalité circulaire avec deux