Exposé triple a
Le triple A est un révélateur économique qui mérite de l'attention. Si la dégradation n’est ni une surprise ni un drame, elle est cependant exceptionnelle. Tout d'abord parce qu'elle est historique. En effet depuis la renaissance de la notation souveraine dans les années 1980, notre pays a toujours eu un triple A. Il s’agit donc du symptôme d'un état économique préoccupant qui mérite une réflexion de fond, réflexion qui devrait s'élargir au choix de modèle de société que la France veut se construire. Cela est d’autant plus important que les élections présidentielles et législatives à venir en choisiront la gouvernance.
La perte du triple A est-elle un catastrophe ?
À l’intérieur du système tel qu’il est, oui. Mais la catastrophe est liée au pacte de stabilité européen. Parce que cette règle est écrite de telle manière que les taux exigés pour emprunter ne doivent pas être supérieurs au taux de croissance. Le déficit maximum est en effet calculé en fonction du PIB (3 %) et non pas des recettes de l’Etat. Si le taux d’intérêt s’élève au dessus du taux de croissance le rapport dette / PIB se dégrade inéluctablement. Avec la perte du triple A qui fera monter les taux d’intérêts, pour ne pas aggraver « l’infraction » par rapport au pacte de stabilité, la France devra connaître un taux de croissance encore plus élevé. C’est une imbécillité totale. Sans ce pacte de stabilité financière le coup serait beaucoup moins grave.
L’Italie, par exemple, est désormais à des taux de 5 ou 6 %, avec un exigence de croissance impossible à satisfaire. Dans le même temps, la hausse des taux d’intérêts due à la perte du triple A va imposer un plan de rigueur qui va freiner la croissance. C’est ce que j’appelle l’effet ciseaux. D’un côté on fait baisser la croissance, ce qui conduit à une dégradation de la notation et la dégradation de la notation fait monter les taux d’intérêts. Plus il y a de rigueur, plus ça se dégrade. On a mis en place