Fable ou histoire
Ce sont deux fables qui reprennent la même histoire, mais pas à la même époque.
Problématique de lecture : quelles modifications fait subir Jean Anouilh à la fable de La Fontaine et pourquoi ?
I. LA REPRISE PAR JEAN ANOUILH D'ÉLÉMENTS DE LA FABLE DE LA FONTAINE
: LA MÊME HISTOIRE AVEC LES MÊMES PERSONNAGES
A. Les mêmes personnages symboliques
– Des végétaux, un chêne et un roseau, avec une opposition entre la taille et la force de l'un
(cf. la comparaison et la gradation croissante « mon front, au Caucase pareil, / Non content d'arrêter les rayons du Soleil, / Brave l'effort de la tempête », La Fontaine v.7-9), la petitesse et la souplesse de l'autre (le verbe « plier » revient plusieurs fois dans les deux textes : LF v.21 et v.28 ; Anouilh 2 fois au v. 5).
– Dans les deux cas, cette opposition physique est une l'allégorie (= représentation concrète d'une idée abstraite) pour l'orgueil (cf. l'hyperbole « le feuillage dont je couvre le voisinage », LF v.11-12, « résist[er] sans courber le dos » LF v.23 et le reproche du roseau
« certains orgueilleux qui s'imaginent grands » A v.15, « le chêne fier » A v.19) et l'humilité, liée étymologiquement avec la proximité avec la terre (« baisser la tête » LF v.6
« nous autres, petites gens, / Si faibles, si chétifs, si humbles, si prudents, / Dont la petite vie est le souci constant... » A. v. 11-13).
– La présence dans les deux cas de l'article défini « le » renvoie ces arbres à un individu unique en même temps qu'à tous les membres de la même espèce ; l'imprécision de l'indication temporelle « un jour » concourt également à donner la même ambiguïté de singularité et de généralité, typique de l'allégorie. Enfin la majuscule uniquement présente chez La Fontaine et l'allusion au corps humain (« tête », v.6 et 31, « front » v.7, « dos »
v.23, « pieds » v.32) confirment nettement cette idée d'allégorie commune aux deux textes.
Quant à la fable d'Anouilh,