Faut il désirer l'impossible?
Introduction : Le désir humain est une chose étrange, il se porte plutôt aux choses impossibles que raisonnables, contrairement au besoin, et de ce fait, il se condamne lui-même semble t-il à l’échec. Que de rêves, de projets déçus, chez les hommes ! Que de mirages ! Il semble bien qu’une vie réussie est une vie où nos désirs s’en tiendraient strictement au possible et banniraient le plus possible les rêves éveillés, les projets insensés, bref, on peut penser qu’il ne faut surtout pas désirer l’impossible, en tout cas pour notre bonheur. Cependant, la distinction entre le possible et l’impossible est-elle si aisée à déterminer ? Ce qui semble impossible aujourd’hui ne pourrait-il pas devenir possible demain ? Et si le désir de l’impossible nous tient en échec pour l’instant, s’il repose sur un mensonge, ne peut-il pas avoir des effets pratiques positifs ? Le désir de l’impossible ne serait-il pas souhaitable, sinon pour notre bonheur immédiat, du moins pour le progrès, pour l’imagination qu’il suppose et tant d’autres effets indirects mais importants ?
Nous tenterons de déterminer à quelles conditions l’impossible peut représenter un objectif pour les hommes, malgré son caractère irréaliste, et de quelle façon un désir de l’impossible est souhaitable.
I/ Il semble que non.
On définit le bonheur de la manière la plus simple comme la satisfaction de nos désirs. En ce sens, pour être heureux, mieux vaut ne désirer que ce qui est possible, que ce que nous sommes certains de pouvoir atteindre un jour et non ce que nous risquons de ne jamais pouvoir atteindre. Désirer l’impossible, c’est se condamner à l’échec et au malheur et donc il ne le faut pas. Mais il y a plus : désirer l’impossible, c’est aussi montrer notre aliénation (notre incapacité à gouverner nos désirs au point de les laisser viser n’importe quoi), provoquer notre impuissance, voire favoriser nos vices.
Et pourtant, nous ne cessons de désirer des choses