Si être libre, c'est céder à tous ses désirs sans se préoccuper d'autrui, la liberté s'oppose à l'idéal d'égalité et de respect que comporte la justice. De plus, on peut aussi noter que la sanction juridique atteint directement la liberté. Les « droits de l'homme » définissent la liberté comme le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Pourtant, si la justice limite apparemment la liberté, cette dernière n'est-elle pas condition d'existence même cette liberté ? Faut-il alors distinguer ces deux notions et dès lors, faut-il privilégier l'une à l'autre, faut-il préférer la liberté à la justice ? On se demandera dans un premier temps si ces deux notions impliquent une exigence de même ordre. Puis on se demandera dans un second temps s'il est possible de concevoir l'une sans l'autre et d'ainsi préférer la liberté à la justice. Dans un troisième et dernier temps, on s'efforcera de montrer qu'il ne faut pas privilégier la liberté à la justice, et inversement, qu'il faut au contraire concilier les deux et les considérer comme complémentaires.

Justice et liberté se présentent comme deux exigences du droit naturel : "les hommes naissent libres et égaux (justice dans le sens d'équité) en droit et en dignité" selon la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen. Par ailleurs, pour ce qui est de la liberté, Rousseau affirme que Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa condition d'homme puisque pour lui c'est ce qui nous distingue de l'animal. On peut d'un autre côté affirmer que la justice est une donnée essentielle pour l'homme, qui le distingue de l'animal. Justice et Liberté apparaissent donc toutes deux comme des notions raisonnables. Enfin, le caractère de la transcendance rapproche également ces deux notions. En effet, la justice peut se réclamer de Dieu, ou d'un assentiment universel du type des droits de l'homme. Et la liberté peut être également référée à un principe transcendant : Rousseau affirme en effet que c'est la nature qui