Femme nue femme noire léopold sédar senghor.
Cette victoire de l’Amour face à la Mort débouche alors sur l’apaisement qu’évoque « Masque nègre » où « Elle dort et repose sur la candeur du sable ».
Quant à l’architecture du poème, il est bâti sous forme cyclique avec quatre strophes délimitées par des refrains disposés en rimes embrassées. Tout se passe comme si le poète était obsédé par le désir d’étreindre l’être aimé. Si les trois quintils présentent respectivement la naissance de l’amour, la femme charnelle et la femme spirituelle, le tercet final exprime la fonction de la poésie conçue comme un antidestin, un gage d’éternité.
La première strophe s’ouvre sur une apostrophe rendue par un hexasyllabe. La construction symétrique du vers divisé en deux hémistiches égaux est renforcée par l’anaphore « femme » et les allitérations en « f » et en « n ». Quant au second verset, souligné par l’oxymore que crée le rapprochement de l’adjectif « nu » avec le participe vêtu, il opère un dualisme profondément platonicien entre les deux formes d’Eros définies dans le Banquet de Platon : l’Eros charnel vivant dans le Monde Sensible et l’Eros spirituel qui s’élève dans le Monde Intelligible. Alors que le philosophe grec voulait chasser les poètes de la Cité Idéale, le poète africain introduit les philosophes dans son univers poétique. En effet, pour Platon, l’Amour permet à l’être de procéder à une ascèse vers le beau, vers la beauté. L’élévation vers l’Idée de Beau est suggérée par l’éloignement du terme « beauté », rejeté à la fin du verset.
La femme apparaît