Ferdinand buisson et le protestantisme libéral
Libre pensée et protestantisme libéral, (avec Charles Wagner), Paris, 1903, 193 p, (téléchargeable sur le site de la BNF : Gallica) :
« Au moment où éclate la Réforme, il n’y a dans la chrétienté tout entière qu’une manière de concevoir la religion : c’est une vérité absolue transmise par une autorité absolue. La Réforme est la première protestation collective et effective contre cette affirmation docilement reçue et respectueusement subie d’un bout à l’autre de notre occident. (p. 7-8) […]
Il y avait deux protestantismes possibles […]
L’un a franchement admis et il pratique, sans restriction, la méthode rationnelle et libérale ; il suscite la libre réflexion et libre discussion, et leur donne carrière sur tous les sujets, sans s’inquiéter des résultats qu’elles produiront, sûr à l’avance qu’il n’y a pas d’autre voie pour aller à la vérité et que l’esprit humain ne peut pas mal faire en obéissant à sa nature, en suivant ses lois, en accomplissant ses fonctions normales.
L’autre, après s’être séparé de l’Église romaine, s’aperçoit qu’il n’a plus de guide, plus de critérium, s’effraie de son audace, a peur des ruines qu’il va faire, voit disparaître la certitude, l’unité, l’autorité, la tradition, la révélation, tous les appuis dont a besoin la fragilité humaine, et il rétablit au plus vite un sous-catholicisme expurgé (p. 16-17) […]
On dit parfois que le protestantisme aboutit à la libre pensée. Non : il est déjà la libre pensée. Du moins il peut l’être. Il l’est virtuellement. Un protestant qui raisonne ses actes et qui réfléchit sur son âme est un homme qui a rejeté toute autorité extérieure, tout a priori dogmatique ou historique, qui écarte sans effort non seulement tout surnaturel, mais tout absolu et toute prétendue révélation de l’absolu par des voies extra-rationnelles. En quoi, s’il vous plaît, un libre penseur est-il plus émancipé que ce protestant-là ? […]
Il n’a ni réserves, ni