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«Qu'est-ce donc ? - Une montre. Et nous? - C'est autre chose.»
« Avec cette petite phrase, La Fontaine, dans son Discours à Madame de La Sablière, donne un résumé parodique de la théorie cartésienne des «animaux-machines»; toute l'ironie de la phrase réside dans le «...Et nous?»: la question est de savoir à quel titre l'homme peut s'excepter d'un discours sur les animaux et «désolidariser» sa propre nature de la leur. Que l'homme soit au coeur du débat sur l'animal, Condillac, un autre opposant à la théorie des animaux-machines, le souligne aussi au début de son Traité des animaux (1755). «Il serait peu curieux de savoir ce que sont les bêtes, si ce n'était pas un moyen de savoir ce que nous sommes.» Il n'y a donc pas d'affirmation gratuite sur l'animal: tout discours sur la nature des animaux a des retombées sur l'homme. Faire de l'animal une simple machine, c'est en même temps comprendre l'ensemble des actions humaines à partir d'un modèle mécaniste: nous voudrions donner ici, en évoquant l'histoire de la philosophie, un aperçu des enjeux, tant métaphysiques qu'éthiques, de cette réduction mécaniste du vivant.
La raison des bêtes
Pour les philosophes de l'Antiquité, la différence entre l'homme et l'animal n'est pas comprise sur le modèle de l'opposition «âme-machine»: pour eux, tout être vivant, homme ou animal, a en lui un principe de vie et de mouvement, qui est justement ce que les Grecs appellent «psyché» et que nous traduisons par «âme» (à partir du latin «anima», d'où dérive le terme «animal»). Pour Aristote, par