Fiche de lecteure pierre moessinger le micro et le macro
Paris, Hermann, coll. Société et pensées, 2008, 260 p.
Analyser un phénomène social, c’est le voir avant de le concevoir. C’est ce que tente de démontrer Pierre Moessinger – professeur de sociologie à l’université de Genève – dans cet ouvrage. En alternant analogies suggestives et réflexion épistémologique, ce dernier tente de mettre en lumière la question du regard en sciences humaines et sociales, notamment en psychologie et en sociologie.
Le premier chapitre – « De près ou de loin, et autres questions fondamentales » (pp. 19-98) – commence par une métaphore décrivant un atterrissage. L’auteur procède à un « zoom » progressif, partant de 10 000 mètres d’altitude pour arriver au sol en décrivant ce qu’il voit. Par cette illustration, il tente de faire comprendre que la distance joue un rôle primordial dans ce qu’il distingue. Proche des choses, on voit les micro-propriétés, « en s’en éloignant, on voit davantage de choses, mais surtout, apparaissent les relations entre les choses, leur organisation ou leur "structure" perceptive » (p. 32). Ce que nous voyons serait-il alors fonction de notre point de vue ? C’est une des questions posées dans cet ouvrage à laquelle il tente de répondre. Inspiré par Jean Piaget qui considère la perception comme une construction, l’auteur donne une première réponse en affirmant que celle-ci n’est indépendante ni de l’expérience, ni de la cognition : « Il faut bien concevoir l’espace pour bien voir » (p. 36).
Revenant sur la problématique des niveaux, l’auteur rejette à la fois les approches relevant d’un « individualisme » ou d’un « holisme radical », parodiant ces approches par une description allégorique, volontairement absurde, d’extra-terrestres qui observeraient notre société afin de démontrer que sa vision « émergentiste » s’oppose à ces deux approches qui amènent à « des conceptions épistémologiques ou ontologiques à éviter » (p. 80), caractérisées par la