Fiche de lecture sur l'oeil vivant
« Corneille est le poète de la vision éblouie »
La mythologie de la présence efficace : présence d’un pers dont émane un pouvoir absolu, évidence victorieuse. Il brille d’une illumination instantanée de sorte que la réflexion n’a pas le temps d’opposer l’être au paraitre l’être s’exprime dans son apparition et le paraitre révèle une essence vraie. Présence : effet prodigieux => mêle le surnaturel au naturel.
C’est un thème favori de la rhétorique amoureuse, utilisé par la préciosité et l’âge baroque
un être se montre admirable en devenant le centre de l’univers, brille d’un éclat resplendissant, la nature s’anime à sa vue et rien n’échappe à son influence.
Chez Corneille on retrouve souvent le terme « éclat ». Les héros jouissent de cet effet de présence dont le prototype est de nature religieuse, et leur donne un effet d’omniprésence. La rhétorique cornélienne emprunte ses armes à une émotion très primitive : le saisissement devant le sacré et sa lumière. Etre subjugué du premier coup d’œil.
La présence des pers nous dépasse par leur divin excès d’ETRE. Le 17ème s c’est l’époque où, dans les pièces, les poisons et les remèdes salutaires peuvent agir à distance, par leur simple vue : aimer et mourir c’est être la proie d’un REGARD. La fascination amoureuse est un impalpable venin. Chez C on trouve souvent une sorte de magie instantanée qui, tout en émerveillant, fait périr. Les sortilèges mortels de la haine sont semblables à ceux de la séduction.
Toute l’oe de C affronte et développe cette interrogation : peut-on parvenir à lier la vérité à l’éblouissement ? ( que l’éclat soit si intense qu’on ne puisse suspecter qu’il soit faux) N’est-ce pas un paradoxe pour le théâtre ?
Dans Mélite on a un éblouissement de l’amour entre Tircis et Mélite. Mais il faudra en plus que l’amour S’AVERE, qu’il subisse l’épreuve de l’absence, du malentendu, du doute pour que la conclusion soit heureuse => les rebondissements