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On peut étudier la syntaxe d'un récit comme celle d'une phrase. Tout récit enchaîne les uns aux autres des actes humains, des événements et des situations. Certains de ces éléments ont une importance singulière dans la logique du récit et forment des phases essentielles de son développement. On peut distinguer ainsi les séquences cardinales des séquences secondaires, ornementales, qu'on peut supprimer sans modifier le sens du récit de base. Ces séquences ornementales, appelées catalyses par Roland Barthes, servent au charme du texte, contribuent à sa richesse, remplissant en quelque sorte l'espace narratif entre les fonctions charnières.
Tomachevski (in Théorie de la Littérature) distinguait déjà deux sortes de motifs, i.e. pour lui les plus petites unités syntaxiques d'un récit, les éléments indécomposables : « Les motifs d'une oeuvre sont hétérogènes. Un simple exposé de la fable nous révèle que certains motifs peuvent être omis sans pour autant détruire la succession de la narration, alors que d'autres ne peuvent l'être sans que soit altéré le lien de causalité qui unit les événements. Les motifs que l'on ne peut exclure sont appelés motifs associés ; ceux que l'on peut écarter sans déroger à la succession chronologique et causale des événements, sont des motifs libres.»
Voici quelques grilles d'analyse, différentes et complémentaires, plus ou moins généralistes, permettant l'approche de la logique syntaxique d'un récit.
SCHEMA NARRATIF
Si l'on part d'un conte merveilleux comme la Belle au bois dormant, on pourrait proposer une analyse structurale, applicable à d'autres types de récit, mutatis mutandis. Une série de motifs, de séquences essentielles s'enchaînent ainsi :
1 2 3 4 5 équilibre initial perturbation déséquilibre action réparatrice rétablissement de l'équilibre bonheur d'une princesse et de sa famille jalousie d'une fée maléfice sommeil de 100 ans arrivée du prince charmant levée du sortilège etc.