Figure de la mere. camus. le premier homme
INTRODUCTION_
Dans toute l’œuvre de Camus, nous pouvons constater que la femme occupe une place instable mais surtout fascinante, sous les aspects d’absence, de silence, de fragmentation. L’ouvrage de Lionel DUBOIS intitulé ALBERT CAMUS, Entre la misère et le soleil , dans son chapitre « Intermittences du féminin dans l’œuvre narrative de Camus », insiste sur l’idée que « La plupart des textes narratifs comportent des personnages féminins, mais sommairement esquissées ou disparaissant dans une absence indéterminée. Soit ces femmes ne vont nulle part - elles ne s’inscrivent dans aucun devenir - soit elles meurent. A une exception près, elles s’effacent ou sont effacées. La femme en tant que personne à part entière, autonome, ne trouve dans ces récits, ni sa place, ni sa voix. Presque jamais elle ne trouve à exprimer son désir, comme résignée à n’être que l’objet, souvent partiel, du désir masculin ». Nous pourrions alors nous demander si la mère, en tant qu’elle est une femme, est aussi soumise à ce destin de personnage absent et effacer. Le thème de la mère semble être un thème primordial pour Camus, à en juger par sa présence tout au long de son œuvre. En effet, si L’Envers et l’Endroit laisse déjà entendre l’importance que Camus souhaite donner à la relation « mère-fils », ce sont les Carnets de 1935 qui la pose définitivement au centre de l’œuvre: « Ce que je veux dire: […] Une certaine somme d’années vécues misérablement suffisent à construire une sensibilité. Dans ce cas particulier, le sentiment bizarre que le fils porte à sa père […] Il faudrait que tout cela s’exprime par le truchement de la mère et du fils … »
Lionel DUBOIS nous dit dans son livre sur Camus que « Cette importance quasi obsessionnelle accordée au personnage de la mère sera dans l’œuvre narrative, apparente surtout dans l’Etranger ou le narrateur est hanté par sa mère morte et dans la Peste, où s’abrite la mère