Un peu de théâtre, ça ne peut faire de mal à personne. Pour vous changer de vos lectures romanesques habituelles, Krinein a décidé de vous offrir un petit détour théâtral à travers une des plus fameuses pièces de Samuel Beckett, Fin de partie. Ce pilier de la littérature du XXe siècle a révolutionné le théâtre, jusqu'alors classique et ancré dans un statisme généralisant, pour proposer un « anti théâtre » ou « théâtre de l'absurde » (même si l'auteur refusera ces appellations). Citons par exemple des pièces comme En attendant Godot ou Oh les beaux jours. Loin de séparer les genres, Beckett les fait fusionner. Le comique et le tragique trouvent ainsi une unité et sont au service l'un de l'autre. Toute idéologie ou engagement politique est également banni des pièces de l'auteur, celui- ci refusant que l'on trouve un sens à ses textes. Enfin, Beckett invente un nouveau langage théâtral, celui du corps et de la gestuelle, qui prend une place à part entière dans chacune de ses pièces. Les didascalies foisonnent, étouffent les dialogues. Rappelons tout de même que Beckett n'a pas été qu'un auteur de théâtre mais aussi un romancier tout aussi connu pour des textes comme Malone meurt, ou Molloy. Fin de partie, créée en 1957, met en valeur les thèmes de l'empêchement de la vie, de la mort, et du théâtre lui- même.
Dans un décor apocalyptique, Hamm, un aveugle handicapé, et Clov, son serviteur et fils d'adoption, usent leur vie à combler le vide du quotidien. Avec eux, coincés dans deux poubelles, Negg et Nall, les parents de Hamm, passent leur temps à dormir et réclamer à manger. Ces quatre fantoches ne font qu'attendre la fin de leur vie, cette fin de partie, tout en craignant et bannissant toute forme de vie nouvelle. Ils remplissent le vide par des paroles et des conflits absurdes, pour empêcher le silence de venir envahir l'espace et le