Fleurs de Ténèbres appartient à la série des Contes Cruels de Villiers de l'Isle Adam, publiés en 1883. Il s'agit d'un très court récit, néanmoins complexe et abouti, donnant lieu à une véritable réflexion sur les thèmes de l'amour et de la mort. Ce conte est également très critique envers la figure du bourgeois, mais très agile dans sa façon de l'être. C'est pourquoi je proposerai, à travers cette étude, d'expliquer en quoi l'habileté de Villiers de l'Isle-Adam réside dans sa capacité à mener le récit de telle sorte que dans ce conte, ce sont les bourgeois eux-mêmes qui se disqualifient en s'affichant au degré le plus élevé de leur inconsistance. Pour ce faire, je soulignerai la dichotomie entre les deux groupes de personnages, qui permet de mettre en relief l'insignifiance des bourgeois, avant d'expliquer que ces derniers courront d'eux-mêmes à leur perte en analysant la transformation qui semble les faire basculer dans une mort allégorique.

Le rapport antagonique des deux groupes de personnages permet de constater la platitude des bourgeois.
Ce conte est particulier et trompeur puisque, contrairement à son habitude, le narrateur semble tellement soucieux de donner un ton nouveau à son récit, que sa description des personnages semble en somme, assez objective.
Ici, Villiers de l'Isle-Adam adopte une posture narrative différente de ses autres contes. Déjà, il faut noter que celui-ci se détache par sa brièveté. Effectivement, cette fois-ci, il semble profondément enjoué à l'idée de raconter son histoire sous forme de fait divers ou de légende urbaine. Cela est perceptible dés le premier paragraphe, où l'on assiste à une sorte d'accroche qui attise la curiosité du lecteur, duquel Villiers souhaite se rapprocher en créant une proximité géographique avec lui « Devant les étincelants cafés des boulevards, sur les terrasses des glaciers en renom (...) ». Ce procédé est efficace et le lecteur se demande, ce qui peut bien se passer dans un environnement aussi