Freinet Et Les Sciences De L Education
FREINET ET LES SCIENCES DE
L’ÉDUCATION : des rencontres, des questions, une espérance
Philippe Meirieu
Professeur en Sciences de l’Éducation Université LUMIERE-Lyon 2
Il me faut tout d’abord préciser que je ne représente nullement ici « les sciences de l’éducation » de manière officielle, comme s’il s’agissait d’une discipline homogène qui aurait mandaté l’un de ses représentants pour parler en son nom. Jeune discipline universitaire (elles ont à peine plus de vingt ans), les sciences de l’éducation sont encore traversées de débats sur leur statut « scientifique » et leur posture épistémologique. Sur Célestin
Freinet, elles ne peuvent, à l’évidence, parler, d’une même voix. C’est donc essentiellement de mes rencontres avec Célestin Freinet dont je vais parler, étant bien entendu que je fais partie des sciences de l’éducation, qu’en tant que tel j’ai cherché et tenté de faire dialoguer les apports de Freinet et les recherches dans ma discipline... mais étant bien entendu aussi que d’autres membres de la même section universitaire pourraient développer des points de vue différents et même, peut-être, opposés.
2
Certes, j’ai eu la chance de participer aux travaux des sciences de l’éducation à Lyon... et cela n’est, évidemment pas, sans importance : j’ai rencontré là des hommes qui ont bien connu personnellement Freinet, des compagnons de travail qui ont toujours été convaincus qu’il n’y avait pas d’opposition systématique entre l’engagement militant et la recherche intellectuelle. Nous avons même tenté de montrer, depuis plusieurs années, que l’engagement militant, loin de paralyser la recherche ou d’entraver son objectivité, pouvait, pour autant, qu’il s’appuyait sur une exigence réciproque dans une équipe solidaire, représenter un aiguillon précieux... De même que les exigences méthodologiques et de communication des résultats afférentes à la recherche pouvaient faire échapper l’engagement militant aux dérives narcissiques qui menacent souvent les « minorités