Freud
À cette date, Freud est un médecin viennois reconnu par ses pairs, neurologue de formation, mais violemment critiqué pour avoir inventé en 1896 une nouvelle méthode de traitement des névroses (ou "cure par la parole"), fondée sur l'association libre : le sujet n'est plus hypnotisé mais dit librement ce qui lui passe par la tête. À cette méthode, Freud a donné le nom de psychanalyse (ou psychoanalyse) en empruntant ce terme à son ami et collègue Josef Breuer avec lequel il a publié, en 1895, ses fameuses Études sur l'hystérie.
Soucieux de rationalité mais volontairement rebelle, il n'hésite pas à défier ses adversaires qui lui reprochent de quitter le terrain de la science positive pour celui de la spéculation. Aussi place-t-il en exergue de sa préface une citation latine empruntée à Virgile : Flectere si nequeo Superos, Acheronta movebo (Si je ne puis fléchir ceux d'en haut, je franchirai l'Achéron"). Par cette attitude faustienne, Freud prend le risque d'une "descente aux enfers", seule manière à ses yeux de combattre les dogmes du savoir dominant.
Il n'est pas seul à cette époque à prendre le rêve comme objet d'une investigation scientifique. De nombreux médecins de la fin du siècle s'intéressent en effet à l'activité onirique afin de mieux comprendre les phénomènes pathologiques de double conscience ou de somnambulisme. À cet égard, l'idée que le rêve puisse exprimer une réalité cachée de la subjectivité était déjà présente chez Aristote qui récusait la conception surnaturelle