Frustration
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Jacques NASSIF, psychanalyste, ancien élève de l'École normale supérieure, membre fondateur des Cartels constituants de l'analyse freudienne • Jacques NASSIF, psychanalyste, ancien élève de l'École normale supérieure, membre fondateur des Cartels constituants de l'analyse freudienne
Introduction
Le meilleur exemple de frustration est sans doute celui de l'enfant qui cherche à apaiser son désir de savoir en consultant une encyclopédie, et qui se sent frustré par le savoir, pourtant de bon aloi, que cette encyclopédie a pu lui fournir. Qu'est-ce à dire, si ce n'est que la frustration reprend à son compte ce paradoxe qui fait que le savoir n'est en rien le complément du désir de savoir – ni le don de quelque preuve d'amour ce qui suffit à l'amour ?
La série d'exemples du même ordre que l'on pourrait aligner montre à l'évidence qu'on ne saurait en tout cas parler d'un quelconque savoir sur la frustration, mais qu'il est nécessaire de s'interroger sur le type de discours dans lequel elle aurait toute sa pertinence et grâce auquel un exemple de frustration serait quelque chose de reconnu dans une pratique pouvant porter à conséquence.
Car il y a justement un discours qui estime pouvoir s'articuler à partir d'un savoir sur la frustration, et qui n'est autre que le discours du maître. Il est en effet celui qui perpétue un système où le travail de l'esclave est payé à son juste prix en fonction d'un marché qui est celui du travail lui-même, mais où il reste nécessairement du travail non payé que le maître détourne à son avantage, et dont le travailleur, en tant que « je », peut s'estimer frustré, c'est-à-dire la « plus-value ».
On se souviendra donc que le terme de frustration a toujours en arrière-plan une connotation politique, même si le discours du maître est parvenu à le confiner dans la sphère du psychologique.
Aussi, étant bien posé qu'il n'y a pas de savoir sur la frustration, si ce n'est dans l'idéologie qui sous-tend la