Le texte de cette semaine présente la déclaration du ministère Gambetta du 15 novembre 1881, discours qu'il prononce le lendemain de sa nomination aux ministère des Affaires Étrangères par le président de la République Jules Grévy. Il est donc à la tête du gouvernement. Depuis le 4 septembre 1870, la IIIème République est installée en France. Est alors fait le choix d'un nouveau régime, républicain, qui apparaît pourtant très contesté, non seulement à cause de l'opposition nette d'une partie de la classe politique monarchiste ou bonapartiste, mais aussi à cause de la division entre les républicains eux-mêmes. Les premières années de la IIIe République sont donc des années de questionnement et de combat pour les républicains, qui doivent définir ce qu'est pour eux la République afin d'assurer le fonctionnement de ses institutions et d'éviter qu'elle ne disparaisse. Progressivement, une idée clé se met en place : en France, seule la République peut incarner la démocratie. La victoire de la République est donc aussi celle de la démocratie, ce qui explique que, depuis 1870, ce système politique n'a véritablement été remis en cause qu'une seule fois, entre 1940 et 1944. Après plusieurs succès électoraux, les républicains parviennent à imposer durablement leurs valeurs et leurs hommes. En s'appuyant sur le parlementarisme et le suffrage universel, ils construisent un système politique original, hostile à l’Église et suffisamment solide pour survivre à des crises redoutables. A partir de 1879, la République est dirigée par ceux qu'on appelle les « opportunistes ». L'opportunisme, comme le rappelle Gambetta dans son discours à Belleville en 1881, est une volonté de tirer les leçons du passé républicain, des échecs de 1848, pour en finir avec « l'esprit de chimère », celui de la commune, et son corollaire, « la peur des possédants ». La république doit cesser d'être une transition vers le césarisme, en se montrant non violente et en s'appuyant sur une partie de la