Genet
UN AUTEUR DONT L’INDECENCE FASCINE Publié en 1942, Le Condamné à mort est l’acte de naissance de ce poète à son écriture. C’est à la même époque, à Fresnes où il est enfermé pour vol, qu'il rédige Marche funèbre puis plus tard Chant d’amour. Cocteau écrit alors dans son journal : « Pour moi, ses poèmes sont le seul grand événement de l’époque. » Des vers destinés à Maurice Pilorge, jeune assassin de vingt ans, mort guillotiné en 1939, qu’il ne connaîtra jamais autrement que sur la photo qui hante les murs de sa cellule et qu’il va faire revivre dans ces chants d’une beauté fulgurante. "Chaque matin, quand j’allais, grâce à la complicité d’un gardien ensorcelé par sa beauté, sa jeunesse et son agonie d’Apollon, de ma cellule à la sienne, pour lui porter quelques cigarettes, levé tôt, il fredonnait et me saluait ainsi, en souriant : ‘Salut, Jeannot-du-matin !". Pilorge est là, cristallisé dans ces vers qui se font écho, parcourus par la même angoisse de la mort et par la même urgence du désir. Trois chants prodigieux donc par la force des images qu’ils produisent, scandaleuses sans doute, immorales probablement, choquantes peutêtre et qui nous laissent