Giono
Diderot qui se trouve au Grandval depuis le 9 octobre 1760 séparé de Sophie Volland décide de prolonger sa correspondance avec elle. Le passage à commenter ici, en date du 28 octobre 1760, est situé dans l’une des journées les plus pluvieuses et maussades qui, élargies et gonflées de souvenirs ou d’analyses, sert de cadre narratif à une thématique chère à l’auteur : celle du désir amoureux lié au mauvais temps et au secret d’alcôve, thématique récurrente dans l’esthétique épistolaire de Diderot. Considérant le mauvais temps comme propice à toutes les réflexions poético-amoureuses, le narrateur se prend à évoquer ces moments heureux des nuits pluvieuses. Il décrit alors le bien-être qui s’empare de lui lorsqu’il se retrouve dans sa chambre protégé des intempéries du ciel.
LECTURE
MOUVEMENTS
Dans ces lignes qui saisissent et analysent les mouvements d’une conscience, celle du narrateur Diderot, on peut observer deux phases.
La première décrit le souvenir réitéré d’une nuit pluvieuse quand Diderot se trouve apaisé dans son lit.
La seconde, à partir de « Tibulle sentait comme moi », établit le lien entre ce bien-être, cette rêverie nocturne doucereuse et apaisante et l’émergence du désir sensuel à travers les secrets d’alcôve pour une Sophie Volland absente mais symbolisant l’ample métaphore de l’amour nocturne.
PROJET DE LECTURE
Nous allons voir comment, à partir de l’évocation précise d’une nuit orageuse et de l’analyse de ses effets sur le désir sensuel de Diderot, l’écriture épistolaire de la scène glisse vers ironiquement l’union métaphorique du narrateur et de Sophie Volland.
DEVELOPPEMENT
C’est un tableau naturaliste brossant une atmosphère orageuse et pluvieuse qui ouvre cette séquence épistolaire sur le mode de l’épicurisme avec le rappel du topique poétique de Lucrèce du chant II fondamental dans cette stratégie d’écriture : « Voilà des vents, une pluie, de la tempête, un murmure sourd ». La formule