Groupe de parole
VÉRONIQUE AMOSSÉ
Le texte légal qui définit « les conditions techniques d’autorisation des établissements et des services prenant en charge des enfants ou des adolescents présentant des déficiences intellectuelles ou inadaptées » (annexe XXIV) stipule la nécessité d’une aide aux parents d’enfant porteur d’un handicap. Ces parents auraient besoin d’être accompagnés, non pas parce qu’ils ont un profil psychologique particulier, mais parce que le contexte du handicap engendre une souffrance narcissique et affecte la relation à l’autre. Quel soutien particulier apporte un groupe de parole aux parents d’enfant handicapé ?
Quand on a un enfant « pas comme les autres »
Mettre au monde un enfant porteur d’un handicap remet en question l’idée qu’on se fait de la fonction parentale, voire de l’identité parentale. En effet, l’enfant a une fonction narcissisante pour ses parents. Dans la plupart des cas, la naissance d’un enfant renvoie aux parents une image valorisante. Selon S. Freud 1, le narcissisme serait un phénomène libidinal de portée générale et occuperait une place capitale dans le développement sexuel régulier de tout être humain. Ainsi, il croit pouvoir reconnaître dans la tendresse des parents la reviviscence de leur propre narcissisme « depuis longtemps abandonné » : la surestimation amoureuse dont l’enfant est l’objet serait l’indice
DIALOGUE - Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille - 2002, 3e trimestre
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Dialogue 157
de la propre surestimation narcissique des parents à leur période narcissique primaire. La croyance narcissique en la magie des désirs s’exprime dans le souhait que formulent les parents pour que leurs enfants jouissent d’une meilleure vie que la leur, réussissent là où ils ont échoué. Mais, dans le contexte du handicap, l’enfant ne vient pas réaliser les désirs narcissiques des parents. Bien au contraire,