Commentaire composé Voltaire Dictionnaire Philosophique, « Guerre », 1765 | Introduction : Jugeant l’Encyclopédie parfois trop prudente dans ses critiques, Voltaire entreprend la rédaction de son propre Dictionnaire philosophique en 1765, un dictionnaire qui se veut « portatif » et qui remet en cause tous les aspects de la société. L’ouvrage prend en particulier pour cible les contradictions entre les dogmes de l’Eglise et les Evangiles. Dans cet article, le polémiste dénonce les ravages de la guerre légitimée par une « religion artificielle » qu’il oppose à la « religion naturelle » qui définit son théisme. Par quels moyens Voltaire rend-il particulièrement efficace cette dénonciation ? Nous verrons que si dans un premier temps, le philosophe utilise le registre privilégié de l’ironie pour condamner la guerre et la religion qui l’encourage, c’est pour échapper à un désespoir qui nourrit son ton polémique et l’amène finalement à un certain pathétique. | I Une condamnation ironique de la guerre : Idée : La cible de cet article comme son titre l’indique est bien sûr la guerre, envisagée comme source de chaos et de souffrances tant morales que physiques, cause de la dilution de toutes les valeurs humaines les plus nobles. Comme souvent dans son œuvre, Voltaire appuie sa critique sur les procédés ironiques.A) La dénonciation des ravages tant physiques que moraux est faite à travers le champ lexical de la destruction avec le verbe détruire répété en début et en fin de texte, les verbes égorger, mourir, fracasser, le terme de « ruines », les désignations des victimes par les adjectifs substantivés « exterminés » et « mourants ». Ces ravages concernent les « corps » des individus autant que le corps social que sont les villes ; ils sont condamnés par l’emploi de termes accusateurs comme « crime », répété deux fois, ou « meurtres », ce dernier venant clore une longue énumération qui, par son effet d’accumulation, rend compte du caractère implacable de ce