géopolitique
Comprendre cette déliquescence des institutions n’est pas chose aisée. L’explication toute trouvée qui s’impose en général pointe la lourde menace que le crime organisé fait peser sur l’État mexicain et les offensives concertées que subit celui-ci – une version des faits reprise et déroulée par le président Calderón à travers tout le pays pour justifier le renforcement de sa stratégie de lutte militaire contre les cartels de la drogue. La thèse d’un crime organisé poussant l’État dans ses retranchements se nourrit d’ailleurs d’arguments devenus classiques : on parle des « territoires contrôlés » par les cartels ; des forces de police infiltrées par les criminels ; de la pénétration des narcotrafiquants dans les gouvernements locaux et fédéraux ; de leur capacité économique à corrompre et de leur capacité militaire à remettre en cause le monopole « wébérien » de l’usage de la force.
État assiégé ou État criminel ?
L’image d’un État mexicain en butte aux attaques tous azimuts du crime organisé a été amplement relayée au niveau international. En 2009, un groupe d’analystes politiques – américains pour la plupart – présageait ainsi que l’incapacité du gouvernement à endiguer la puissance des cartels ferait bientôt du Mexique un « État failli » (« failed state »). Si, de l’avis général, le pays ne rentrait pas (encore) dans cette catégorie, ces allégations