Habiter demeurer appartenir
« “Habiter” est un verbe qui impressionne, qui dit plus qu’il ne contient, qui se prend pour une corne d’abondance, s’ouvre telle la boîte de Pandore, se charge de tous les désirs clandestins que le vaste monde adopte comme possibles1. » THIERRY PAQUOT
Qu’est-ce qu’habiter une maison ? Davantage qu’un acte pragmatique, habiter est une attitude qui imprègne tant notre quotidien que notre être. Comment habite-t-on la maison de l’être ? Est-ce y demeurer ? Est-ce y appartenir ? Il existe une interrelation profonde entre l’acte d’habiter une maison et celui d’habiter avec la maisonnée. Nous verrons que le premier renvoie au fait de demeurer, tandis que le second relève de l’appartenance. Nous développerons ici la dialectique entre l’acte d’appartenir et celui de demeurer, au sein de la notion plus vaste de l’habiter. La maison, en tant qu’archétype humain, nous guidera dans notre démarche. Avec l’image de la maison, nous tenons un principe d’intégration alliant psychologie descriptive, psychologie des profondeurs, psychanalyse et phénoménologie, disait le philosophe Gaston Bachelard dans sa Poétique de l’espace. Ainsi, la symbolique de la maison servira ici de fil conducteur afin de développer la dialectique entre demeurer et appartenir. À partir de trois composantes essentielles à toute maison — toiture, murs et porte —, nous exposerons en trois sections les articulations fondamentales de la maison. La toiture nous élèvera vers la dimension verticale de la maison. Les murs nous amèneront vers son intériorité, tandis que la porte et le seuil nous ouvriront à la dynamique horizontale de la maison. En un sens, avoir une maison renvoie à la propriété et au fait qu’elle appartienne à son propriétaire. Dans le langage courant, l’appartenance désigne un lien de possession. Le terme appartenance est un ancien synonyme de dépendances et il prend même la signification de « maison » et de «