Habitus
De nombreux sociologues se sont interrogés sur la notion de socialisation et sur comment la société pouvait s’inscrire durablement sur les individus. L’habitus est une des réponses proposée à cette problématique. Afin de mieux cerner cette notion nous verrons tout d’abord une brève présentation de l’habitus avec sa définition ainsi que son historique et les auteurs qui s’y sont intéressés. Nous examineront par la suite, de manière plus précise ses caractéristiques et enjeux, puis finalement nous nous pencherons sur les limites et les critiques qui lui sont faites.
La notion d’habitus apparait pour la première fois durant l’antiquité grecque puis au Moyen-âge. Le terme ne vient pas « d’habitude » mais d’une signification bien plus forte : hexis qui signifie en grec « avoir ». L’hexis fut certainement employé pour la première fois par Socrate puis par Aristote. Il représente un « avoir », une possession active et durable en chacun de nous et en lien étroit avec le corps. Thomas d’Aquin, théologien et philosophe du Moyen-âge, Marcel Mauss, anthropologue de la première moitié du 20e siècle, et Norbert Elias, sociologue du 20e siècle, ont chacun étudié et déterminé à plusieurs époques l’habitus comme une « intériorisation », un « lien », une « empreinte » qu’ont les individus avec le social.
Cela sera repris avec plus d’importance et défendu par Pierre Bourdieu, sociologue français du 20e siècle réputé pour ses travaux sur les hiérarchies sociales comme Les héritiers : les étudiants et la culture, La distinction : critique sociale du jugement ou encore La reproduction. Comme Emile Durkheim, sociologue, il cherche à « prouver l’emprise du social sur le comportement individuel » et a pour réponse l’habitus. Il le décrit comme le « produit de l’intériorisation des principes d’un arbitraire culturel capable de se perpétuer après la cessation de l’autorité pédagogique (AP) et par là de perpétuer dans les pratiques les principes de l’arbitraire intériorisé. » 1