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Géographie de la terreur stalinienne
L'arrestation et l'exécution d'un pourcentage souvent très élevé des cadres communistes ne représentèrent qu'une petite fraction (7 à 8 %) de l'ensemble des arrestations et des exécutions de la Grande Terreur (1937-1938). Tandis que les rituels d'anéantissement des "ennemis du peuple" envahissaient la sphère publique, les groupes opérationnels du NKVD mettaient en oeuvre les "opérations secrètes de masse", décidées et mises au point par Staline, Nikolaï Iejov, le commissaire du peuple à l'intérieur, et les plus proches collaborateurs de Staline, avec pour objectif d'éradiquer des éléments considérés comme étrangers ou nuisibles dans un projet d'homogénéisation de la société socialiste, à un moment jugé critique.
Staline était persuadé de l'imminence d'un conflit international auquel l'URSS ne pourrait se soustraire. Cette perspective lui rappelait l'une des grandes leçons politiques léguées par Lénine : la nécessité d'éliminer à l'avance, par une "frappe prophylactique", tous les "ennemis intérieurs" perçus comme autant de recrues potentielles d'une mythique "cinquième colonne de saboteurs et d'espions".
La plus importante de ces opérations, lancée par l'ordre opérationnel du NKVD n° 00447 en date du 30 juillet 1937 et entrée dans le vocabulaire codé du NKVD sous le nom d'"opération Koulak", ciblait une cohorte d'"ennemis" aux contours particulièrement flous : les "ex-koulaks, éléments criminels et autres contre-révolutionnaires". Tous ces individus devaient être répartis en deux catégories : les "plus actifs" dans la catégorie I, les "moins actifs, mais néanmoins hostiles" dans la catégorie II. Les individus classés dans la catégorie I devaient être "immédiatement arrêtés et après passage de leur dossier devant une troïka [juridiction d'exception de la police politique, composée de trois membres], fusillés". Ceux classés en catégorie II devaient