Histoire des mhaja
Petit dico des
SylvIE BRuNEt
City
AVANT-PROPOS
Chacune a sa couleur propre. Il y a les voyageuses : « aller se faire voir chez les Grecs » ; les sportives : « baisse la tête, t’auras l’air d’un coureur ! » ; les culinaires : « lundi, c’est raviolis » ; les tendres : « embrassons-nous, Folleville ! » ; les directes : « je m’en bats les couilles ! » ; les scrupuleuses : « numéroter ses abattis » ; les acrobatiques : « ne pas se moucher du coude » ; les rutilantes : « nickel chrome ! » ; les poétiques : « jouer la fille de l’air », etc. Toutes donnent de la couleur à nos paroles quotidiennes. Exclamation, injonction, interrogation, apostrophe : leurs formes sont multiples et s’appuient de gestes, mimiques, intonations, sourires entendus ou rires de gorge... C’est le petit théâtre des expressions familières. Elles sont nées d’hier ou se sont transmises, inchangées, de génération en génération, depuis plusieurs siècles. Elles jonglent avec des mots très anciens ou très actuels et brassent des tours argotiques avec des formules châtiées.
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Petit dico des expressions populaires d’hier et d’aujourd’hui
Elles empruntent leurs images à toutes sortes de registres, des plus sages aux plus crus. Rien ne les rebute, tout ce qui flotte dans l’air du temps, elles s’en saisissent et le recyclent : fragments de chansons, slogans publicitaires, répliques de spectacles à succès, tirades politiciennes... En retrouver l’origine peut se révéler une enquête délicate, et pas seulement dans les cas où la locution est sortie de l’usage ou en voie de désuétude. Souvent, à cause de la mode qui a changé, de la chose évoquée qui n’existe plus ou de la référence culturelle qu’on a oubliée, le fil de leur histoire ne peut plus être reconstitué, et l’expression populaire, hier encore si facile à atteindre, devient une petite énigme impossible à résoudre. Mais on a beau en avoir perdu la clé, on n’en continue pas moins de les