histoire
Il faut cependant, au seuil de ce petit livre, expliquer, sinon justifier ces limitations, poser ces problèmes, évoquer les directions où s’engagent les chercheurs.
On s’est d’abord enfermé dans un cadre géographique : celui de l’Europe chrétienne. On espère y gagner en cohésion, mais on y perd à coup sûr en horizons. Renoncer à parler du marchand byzantin et du marchand musulman, c’était éviter de parler de gens mal connus, de personnages appartenant à des civilisations différentes, voire hostiles. Mais le commerce, s’il suscite des conflits, est plus encore un des liens majeurs entre les aires géographiques, entre les civilisations, entre les peuples. Même au temps des Croisades, les échanges commerciaux – supports d’autres contacts – n’ont pas cessé entre la Chrétienté occidentale et le monde musulman. Mieux même on peut penser que c’est la constitution de l’Islam qui, loin de couper l’Orient de l’Occident, a ressoudé les deux mondes et créé par ses grands centres urbains de consommation un appel de produits qui est à l’origine de renouveau commercial de l’Occident barbare. En tout cas, il est certain que le marchand vénitien a élaboré sa fortune au contact de Byzance, que les grandes cités maritimes d’Italie ont puisé dans le domaine gréco-musulman, de Ceuta à Trébizonde, de Byzance à Alexandrie, l’essentiel de ce qui fit leur richesse. Le marchand chrétien dont l’activité est postérieure à celle du marchand byzantin ou arabe ne leur a-t-il pas emprunté des méthodes, des mentalités,