Homme, nature et société dans l'oeuvre de jean-jacques rousseau
Homme, nature et société dans l’oeuvre de Jean-Jacques Rousseau
Le problème central dans l’oeuvre de Jean-Jacques Rousseau est celui de l’homme, et c’est dans ce sens que la philosophie de Rousseau est au fond une anthropologie philosophique. Il s’agit premièrement de comprendre l’homme en tant qu’être naturel, deuxièmement de définir sa place dans la société, et enfin de déterminer la nature humaine. « La plus utile et la moins avancée de toutes les connaissances humaines me paraît être celle de l'homme ». Cette phrase, qui ouvre la préface du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, illustre bien la place que tient l’être humain dans l’étude de Rousseau. En effet, les autres questions soulevées dans ses oeuvres convergent pour la plupart du temps vers le thème central qui est la tentative de définir l’homme. Selon Rousseau, afin de saisir ce qui distingue l’humanité de toute autre chose, pour définir donc ses attributs, il faut remonter à l’état de nature, antérieur à la société et à l’histoire, et examiner l’homme tel qu’il s’y présente.
L’état de nature n’est pas une réalité historique, comme le souligne à maintes fois Rousseau. Il s’agit d’un raisonnement théorique au service du politique. L’homme de la nature n’a peut-être jamais existé : il est une hypothèse normative permettant d’évaluer l’homme actuel. « L’homme sauvage, errant seul dans les bois [...] n’existe pas, direz-vous, soit ! Mais il peut exister par supposition », écrit Rousseau dans la lettre à Christophe de Beaumont. Pour savoir qui est l’homme, il faut enlever tous les traits qu'il doit à son existence sociale. Autrement dit, il faut étudier l’homme dans l’état de nature. On retrouve la description de l’homme naturel dans le second Discours qui est centré sur le problème de l’humanité, puisque son auteur annonce au début du Prologue: « C’est de l’homme que j’ai à parler ». La première partie de l’oeuvre esquisse deux portraits,