Héroïsme et amitié dans en attendant godot de samuel beckett
Quand on examine, même de la manière la plus sommaire, les textes au programme de cette année (2001-2002), on déduit facilement les remarques suivantes. La première phrase du livre VIII de l'Ethique à Nicomaque d'Aristote[I] indique clairement que les développements ultérieurs seront consacrés à l'amitié ; dans les faux monnayeurs de Gide, l'amitié apparaît dès la seconde page du texte[2], ce qui laisserait entendre que le roman relaterait l'évolution des rapports d'amitié entre Bernard et Olivier. Cela devrait suffire pour déduire que l'amitié constitue le thème majeur de l'Éthique et des faux monnayeurs. Peut-on en dire autant d'En attendant Godot (désormais EAG) de S. Beckett? Rien n'est moins sûr [3] ! Comment intégrer cette oeuvre, qui à priori fait si peu cas de l'amitié, dans un programme axé sur l'amitié ? En effet, les deux hommes, ou ce qui reste d'eux, dont il est question sont moins préoccupés par la pratique de l'amitié que par la lutte contre la menace du néant. A tel point qu'on pourrait se demander si cette ouvre ne trouverait pas mieux sa place parmi les textes retenus en 2000-2001 pour illustrer la notion d'héroïsme. Ainsi, dans EAG, l'amitié, si amitié il y a, apparaît-elle pour elle-même ou secondairement comme l'un des avatars du combat? Pour démêler ce rapport entre héroïsme et amitié, commençons d'abord par montrer en quoi Vladimir et Estragon sont à leur manière des héros tragiques, avant de préciser ensuite que malgré de multiples entraves, ils parviennent quand même à agrémenter leur «chaudepisse d'existence quelques relents d'amitié». I - Des lieux (peu) communs de l'héroïsme: Traditionnellement, on accède à l'héroïsme à la suite d'une victoire que l'on remporte, de préférence sur le champ de bataille, contre une force ennemie
qui peut se manifester sous une forme