Illusion comique scène 6 acte 1 scène 6
La servante semble s'armer contre elle-même pour ne pas faiblir devant l’affection simulée du jeune homme, tout en affirmant sa solidarité avec Isabelle : « Mais ne crois plus tromper Isabelle ni moi » (v.832), choix surprenant étant donné qu'elle se trouve en compétition avec elle. Ainsi Lyse se montre comme une jeune femme révoltée qui a conscience de sa valeur et qui semble prête à se défendre au nom d’un acte de justice. De plus son attitude contrôlée lors de la scène précédente, alors que Clindor lui assurait son affection, témoigne de sa grande maîtrise d’elle-même et de sa ruse : si elle a su dissimuler ses sentiments, c'était pour voir jusqu'où irait Clindor et pour ne pas éveiller sa méfiance. Son sang-froid lui permettra d'exercer une vengeance légitime, comme l’affirme le vers à l’allure d’une maxime : « Qui cache sa colère assure sa vengeance …afficher plus de contenu…
Corneille a lui-même admis concernant Lyse qu’elle « semble s’élever un peu trop au-dessus du caractère de servante ». En effet, elle dispose du pouvoir de nouer et dénouer l’intrigue : le choix qu’elle fera déterminera le sort de Clindor. De plus, Lyse est un personnage qui a une dimension tragique puisqu’elle choisit de renoncer à son amour contrarié pour Clindor afin de se venger. Elle est presque désespérée par son dilemme : « Perdre qui me chérit ! épargner qui m’affronte ! / Ruiner ce que j’aime ! aimer qui veut ma honte ! » (v.845-846) : le parallélisme de construction et la présence d’exclamatives témoigne de sa souffrance et suscite l’émotion et la pitié du spectateur. Cette douleur rend d’autant plus puissant son sacrifice de l’amour en faveur de son honneur, et la place ainsi au rang d’une