Alors que dans les romans de la comédie humaine, comme le Père Goriot, s'achève par un réel apprentissage d'un jeune provincial, lançant un défi à Paris, le roman Illusions Perdues raconte l'apprentissage de l’échec d'un autre jeune provincial qui quitte sa ville natale Angoulême pour tenter à Paris une facile carrière de journaliste à une vie difficile et artiste comme le Cénacle, dirigé par son ami d' Arthez, et ce malgré l'avertissement de son ami Lousteau, auquel il a demandé de l'introduire dans ce milieu. Nous étudierons le discours de ce dernier au héros en montrant tout d'abord comment l'énonciation dessine ici l'état et le rôle du personnage-locuteur et le registre du texte, puis la satire du métier de journaliste et le monde du journalisme.

I/ La situation d'énonciation : état et rôle du personnage-locuteur, registre

1) Ce roman, comme tous les romans réalistes, se situe dans la période contemporaine, dans le café Voltaire et les théâtres du boulevard. Les personnages sont Lousteau, qui n'est pas interrompu dans son discours, lequel s'inscrit dans un dialogue entre Lousteau et Lucien, et prend la forme d'un récit rétrospectif, de la ligne 1 à la ligne 10, on constate un présent d'énonciation. Étienne Lousteau s'adresse à Lucien. La rétrospection d'un jeune provincial évoque une vie ressemblante à celle de Lucien de Rubempré. Les temps verbaux du passé soulignent la forme du récit autobiographique. Lousteau met fin à son récit par ''raconterai'', ''passons'', grâce à une ellipse narrative. Lousteau présente son activité de journaliste : les temps du présent l'indiquent (citation). Les déictiques comme ''aujourd'hui'' mettent l'accent sur le moment de l'énonciation. Le discours dit l'état dans lequel se trouve le locuteur. Un jeune rêvant de gloire devient journaliste, critique littéraire. L'état est celui d'un être déchu, revenu de ses illusions.

2) Lucien est le récepteur, Lousteau s'adresse à Lucien, mais à travers lui, c'est Balzac qui