Le banquet des argonautes- gide
Maurane
Lettres Modernes
Gide, Les Faux Monnayeurs
Le texte proposé à l’étude est un extrait du roman Les Faux Monnayeurs écrit par André Gide et paru en 1925. Le début du XX siècle marque le début d’une période de reconsidération du roman, voire même de sa profonde remise en question. L’Œuvre de Gide, complexe « roman dans le roman » en est l’illustration même. Le passage que nous avons précisément à étudier, en revanche, met l’accent sur un autre thème clé du roman : la critique des intellectuels bourgeois. L’épisode du banquet des Argonautes y est en effet propice ; il réunit une grande partie des personnages, dont les principaux que sont Bernard, Passavant, Olivier et Edouard. Figurant sur une petite dizaine de pages, l’extrait se voit tout de même morcelé en plusieurs courtes « scènes » qui se recoupent, intercalées entre péripéties d’aventure, dialogues au discours direct, et focalisation interne. C’est notamment à l’aide de ces techniques d’écriture que l’auteur poursuit la satire de ce groupe d’intellectuels bourgeois dont les codes sont brillamment tournés en dérision. Mais plus encore, ce passage, qui apparaît seulement à la fin du livre, constitue le pivot qui permet à Olivier de quitter la sphère d’influence de Passavant pour aller aux côtés d’Edouard, auprès duquel « ce qu’il [a] de meilleur en lui s’exalt[e] ».
Tout d’abord, le banquet des Argonautes est une des illustrations les plus étendues du caractère superficiel de ces bourgeois intellectuels, qui évoluent ici entre ivresse et irresponsabilité d’une part, hypocrisie et faux-semblant d’autre part. Le passage commence par la phrase « Le banquet était achevé. » qui sonne comme l’annonce un peu brutale d’une nouvelle étape, comme si le lecteur avait le privilège d’observer « l’envers (révélateur) du décor ». Dans un court premier temps, la description se fait d’un œil extérieur, à l’aide du narrateur qui nous informe avec neutralité que « la table était encombrée