Incivilite dissert
De plus en plus souvent, les incivilités sont vécues par la population comme une rupture radicale du lien social. Pour que nous nous sentions en sécurité, il faut que nous puissions croire que les gens que nous croisons auront un comportement prévisible, qu'ils se conformeront aux formalités de base de la vie en société. Il s'agit de codes de " bonne conduite " et des rituels sociaux qu'ils supposent. Or, depuis de nombreuses années, les indications dont on dispose sur les " faits " incivils aussi bien que sur les perceptions de comportements incivils montrent que le phénomène prend de l'ampleur. Ces incivilités sont une négation du processus de civilisation des mœurs, au sens où l'entend Elias (1973). Sur plus d'un siècle, la tendance générale est celle d'une pacification des mœurs et de la disparition de la gestion directe de la violence au profit de l'État. Puis une rupture brutale survient: en quelques dizaines d'années, depuis la fin des années cinquante, les suicides, les violences interpersonnelles, les désordres se mettent à croître vivement.
Document 2 : Le sentiment d’insécurité
L'incivilité ne fait pas nécessairement de victime d'après les textes de loi, et encore moins d'après la pratique pénale, qui ne sait par où l'attaquer. Mais elle a des conséquences que résume Lucienne Bui-Trong : " Elle exerce des effets psychologiques sur un grand nombre de personnes à la fois: un rodéo nocturne réveille et indigne des dizaines de témoins. [ ... ] Le simple phénomène de bande peut être générateur de malaise pour le passant. Des faits apparemment anodins (groupes de jeunes impolis, désagréables, affichant leur mépris des règles collectives) sont les objets tout désignés de l'inquiétude parce que se profilent, à l'arrière-fond, les actes de violence (vols, cambriolage, agressions) et la disparition du respect de l'autorité (de la famille, de la police et la