L’un des effets du dogmatisme rigide du Moyen-Âge a été l’avènement d’un nouveau genre de pensée pendant la Renaissance : l’humanisme. Bouleversant les pensées et certitudes anciennes avec ses idées nouvelles, celui-ci est optimiste et idéaliste. En effet, il place l’homme au centre de l’univers, croyant donc fermement à son épanouissement vers un monde meilleur. La raison de l’homme, qui se fonde alors sur la connaissance rationnelle et l’idée de liberté, devient primordiale pour son progrès. La philosophie des Lumières, courant intellectuel, philosophique et littéraire du XVIIIe siècle, prône d’ailleurs cet humanisme. C’est dans ce contexte historique que Voltaire a achevé l’une de ses plus importantes œuvres en 1767 : L’Ingénu. Dans ce roman satirique à saveur philosophique, l’écrivain décrit l’aventure d’un jeune Huron, représentant typique du bon sauvage, qui débarque en France où il doit confronter une toute autre réalité : les institutions et les mœurs françaises sous les pouvoirs religieux et tyrannique du règne de Louis XIV. Cependant, une question se pose à la lecture de ce conte : le regard nouveau de l’Ingénu sert-il d’arme philosophique afin d’élaborer une critique contre la société moderne? Tout d’abord, l’Ingénu, représentant le mythe du bon sauvage, devient à l’aide de ses apprentissages le personnage idéal humaniste afin de juger de la situation française de l’époque. Puis, ce dernier analyse par son œil critique les problèmes socio-politiques du pays tout à travers ses aventures. Finalement, l’étranger développe également sa pensée concernant la question religieuse, particulièrement injuste à cette époque.
En premier lieu, Voltaire utilise le personnage du bon sauvage afin de créer un symbole de l’homme humaniste : son évolution vers ce statut est visible tout au long de l’œuvre alors qu’il progresse à l’aide de diverses expériences de la vie civilisée. Comme le dit Catherine Trachez-Griffoul, agrégée de grammaire et spécialiste de l’œuvre