La guerre marque les artistes d’une manière singulière. En effet, elle demeure un moment de crise qui révèle les caractères les plus instinctifs de l’Homme, ainsi, la dimension particulièrement inhumaine de la 2nde guerre mondiale se dévoile à l’opinion publique à travers la représentation notamment artistique des camps d’extermination situés à l’Est de l’Europe. Longtemps inconnus des populations non visées par les génocides nazis, la plupart de ces transcriptions représentent une réalité morbide, dérangeante. Pour l'Occupant, le problème de la culture est essentiel, car il s'agit de verrouiller le contrôle idéologique de la population notamment grâce à une stigmatisation raciale médiatique. C’est pourquoi, le malaise juif dans la société antisémite des années 1930-1940 n’est presque pas représenté, et l’on devra attendre 1945 pour connaître l’amplitude des sévices commis sur cette communauté. Zoran Music, rescapé du camp de Dachau, déclare en 1998 « L'Artiste doit exprimer sa vérité, faire un avec elle. Il voudrait être dans la toile et la toile dans lui. Ne plus savoir où il commence, où elle finit. Le tableau n'est pas créé intentionnellement : l'artiste le porte sur tout un parcours et le transmet dans un second temps. » Ainsi, David Olère, porte un vécu psychologique particulièrement lourd, puisque n’étant naturalisé français que depuis 1937, cet artiste d’origine polonaise est déporté à Auschwitz-Birkenau où il sera intégré dans une équipe de Sonderkommando dont le rôle principal est de sortir les corps des chambres à gaz et de récupérer sur leurs cadavres tout objet de valeur avant de les enfourner dans les crématoriums. A la libération des camps, sa peinture et ses dessins seront jusqu’à la fin de sa vie, une manière de porter son témoignage autant qu’un moyen de survivre.

[pic] DAVID OLERE Gazage

La visée dénonciatrice de ce dessin s’exprime à travers divers caractères relativement sordides que l’auteur