Gottfried Wilhelm Leibniz est un penseur allemand né en 1646 et mort en 1716. Esprit remarquable, il était à la fois philosophe, mathématicien, juriste et diplomate. Il a laissé de nombreux écrits importants comme le Discours de métaphysique en 1686 et les Essais de théodicée en 1710. Le texte que nous devons commenter est précisément extrait des Nouveaux essais sur l'entendement humain, composés en 1704 en réaction à l'Essai sur l'entendement humain du philosophe anglais John Locke. Dans cet extrait, Leibniz souligne que toute perception n'est pas toujours consciente. La perception est le mode immédiat par lequel je me représente le monde extérieur et le connais. Elle consiste à recevoir des informations du monde (dites sensations) - passivité - et à organiser ces sensations par un jugement réfléchi (l'aperception) - activité. Pour reprendre un exemple célèbre de Descartes dans les Méditations métaphysiques : quand je regarde dans la rue depuis ma fenêtre à l'étage, je ne vois que des chapeaux et des manteaux, mais je juge, quand bien même je ne les vois pas actuellement, que ce sont des hommes qui marchent. Bien sûr, il arrive que la perception se trompe : par exemple, quand je confonds un inconnu qui arrive au loin avec un ami ou quand j'identifie mal la voix d'un de mes proches au téléphone. C'est un autre problème qu'examine ici Leibniz. Dans certains cas, l'aperception fait défaut à la perception. Leibniz fait partie, avec Spinoza ou Malebranche, des philosophes dits parfois « postcartésiens ». En effet, ce sont des penseurs qui vont repartir de la philosophie telle que Descartes l'a révolutionnée et la leur a laissée en héritage. On sait la découverte majeure de la réflexion cartésienne : le Cogito. Pour Descartes, cela ne fait aucune doute, si « je pense, donc je suis », alors je ne fais qu'un, en tant que j'existe, avec ma pensée. C'est cette identité de mon être et de ma pensée qui constitue la conscience. De fait, toujours selon Descartes, une