Israël et la bombe
1) Contexte
Dans les années 1950, Paris et Tel-Aviv, mus par une hostilité commune contre l'Égypte de Nasser, ont coopéré étroitement dans la recherche atomique.
Dans le domaine de la dissuasion, cela s'appelle une politique d'ambiguïté nucléaire. Officiellement, l'État hébreu, qui a désormais 60 ans, n'a toujours pas la bombe atomique. Il n'a pas signé le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et n'est donc pas soumis au contrôle des inspecteurs de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA). Mais c'est un secret de Polichinelle, dans cette région troublée du Proche-Orient, qu'Israël dispose d'ogives atomiques, surtout depuis que le premier ministre Ehoud Olmert l'a implicitement reconnu, en décembre 2006. De fait, Israël a la bombe depuis 1967. Et c'est l'aide, décisive, de la France, qui lui a permis de devenir la sixième puissance nucléaire de la planète.
Lorsque naît l'État hébreu, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale qui a vu, pour la première fois, l'utilisation de l'arme suprême par les États-Unis contre le Japon, les responsables israéliens misent sur la bombe pour éviter qu'un second Holocauste puisse un jour être commis contre le peuple juif. L'arme nucléaire devra assurer la survie du nouveau pays sur le long terme. Plus tard, elle devra aussi le protéger des menaces représentées par l'Irak et l'Iran, soupçonnés d'avoir eux-mêmes des ambitions nucléaires militaires.
Le programme nucléaire israélien est lancé en 1949 par le premier ministre, David Ben Gourion. À l'époque, les États-Unis refusent d'y contribuer. Déjà, la perspective de voir un jour la Chine et la France rejoindre le club très fermé des puissances nucléaires ne plaît guère à Washington. Les dirigeants américains veulent à tout prix éviter la nucléarisation du Proche-Orient. Sous John F. Kennedy, l'Administration américaine n'aura de cesse d'essayer de convaincre Israël de renoncer à son programme atomique. En échange, le