Itard
Qu’entendait-on alors par nature humaine ? Un ensemble de caractéristiques universelles innées, d’ordre biologique, intellectuel, moral, et même métaphysique. Les conceptions s’opposaient sur le fait de savoir si cette nature déterminait visiblement nos comportements ou si elle demeurait enfouie, écrasée par le milieu et l’histoire, si elle était bonne ou mauvaise, mais rarement cherchait-on à la nier. En effet, si cette nature n’existait pas, qu’était alors l’homme ? Fallait-il se résigner à admettre que l’humanité était un artifice humain social, arbitraire, que les hommes se produisaient les uns les autres, par l’éducation, par le milieu, indépendamment d’un créateur ? prétendues idées innées, ces dernières dépendent en fait de nos sens, et l’idée d’une origine divine d’un être humain non animal, animé d’une conscience morale donnée par le créateur, s’écroule.
Certains essayèrent bien de voir en les enfants sauvages les résultats de tares héréditaires , mais l’idée de nature humaine était à l’agonie. L’ethnologie a enfoncé le clou en montrant la diversité socioculturelle et le caractère relatif et acquis d’attitudes, de coutumes, de sentiments, que nous avions crus universels . Que restait-il de l’homme naturel : quelques caractéristiques biologiques.
On a désormais compris que l’expression « homme naturel » n’a aucun sens : l’homme est culturel ou n’est pas. Il est le fruit du milieu
L’homme est fondamentalement social, il est homme, ni bête, ni dieu, en étant social. Le but d’Itard a été de sortir le sauvage de l’état dans lequel il fut trouvé, pour montrer que l’homme est essentiellement un être « construit ». Malgré les limites, les progrès de Victor furent manifestes, ce qui montrait que le déficit de Victor n’était pas