Jacque
Publié dans Chanlat et al. : L’individu dans l’organisation : les dimensions oubliées, Presses universitaires de Laval (Québec), collection “Sciences administratives”, et éditions ESKA (Paris), 1990 pp. 37-77.
1 Le langage dans les organisations La gestion des organisations, et leur fonctionnement quotidien et routinier, reposent de plus en plus sur un maniement systématique (bien que purement empirique) du langage. MINTZBERG (1973) a montré que les dirigeants passent le plus clair de leur temps à parler, et l’on peut leur faire crédit du fait que cela doit avoir un rapport avec les buts poursuivis dans leur activité professionnelle. L’usage croissant du “management participatif” (cercles de qualité, groupes de progrès, projets d’entreprise, etc.) implique progressivement tous les niveaux hiérarchiques dans cette activité de parole. En France, une loi de 1982, confirmée en 1986, a reconnu un “droit d’expression” pour les salariés, qui se traduit par la réunion de “groupes d’expression”, la production de comptes rendus, de questions à la hiérarchie, de “voeux et avis” portant sur les conditions de travail, l’organisation de la production, etc. La célébration en vogue de la “culture d’entreprise” ne se conçoit pas sans un “dire” permanent, entretenant et réactivant cette culture. Enfin, l’évolution des productions fait une place croissante à des biens immatériels tels que l’information ou les productions culturelles, tandis que, avec l’automatisation, l’informatisation, la robotisation, etc., des moyens de production, une part de plus en plus importante de l’activité accomplie par les hommes dans les entreprises consiste en manipulation de signes et de symboles, bien souvent langagiers. Les usages du langage dans les organisations comprennent également tout un domaine qui n’a pas attendu les récentes révolutions techniques et managériales pour se développer. Ce domaine est celui de l’écrit. Il suffit de