« De Janus aux Saints Jean »
Vénérable Maître,
Et vous tous, mes sœurs et mes frères, en vos grades et qualités,

Tenter un rapprochement, un parallèle entre le Dieu romain Janus et les 2 Saints Jean (Saint Jean le Baptiste et Saint Jean l’Evangéliste) peut sembler de prime abord une hérésie ou pour reprendre la formule de Christian Guigue, relever d’un « fantasme maçonnique ».
Une hérésie étymologique d’une part :
Le nom de Janus provient de la racine avestique Yé (aller quelque part). Qu’il s’agisse d’un seuil, matériel ou au sens figuré (c’est-à-dire le Seuil d’une maison ou d’une action), qu’il s’agisse de l’espace ou du temps. Janus est au début, il préside donc aux commencements (G. Dumézil).
A contrario, Jean provient de l’hébreu et signifie seulement « celui que Jéhovah favorise ».
A cette hérésie étymologique s’ajoute pour certains une hérésie mythologique :
En effet si nous avons l’habitude de présenter Janus et les deux Saints Jean comme les « gardiens » des portes du temps (j’emploie le terme de « gardiens » à dessein car si Janus est bien un Dieu romain, les 2 Jean ne sont eux que « des saints »), les gardiens des protes et du passage, c’est oublier que Janus ne disposait pas de la maîtrise des gonds qui relevaient de la compétence de la déesse Carna, qu’il avait violée. Ce fut la sanction de Jupiter à l’encontre de Janus pour le punir de son forfait. C’était donc Carna qui pouvait et elle-seule, ouvrir et fermer les portes. Il semble en effet fort curieux de vouloir comparer ce Dieu violeur et par ailleurs également Dieu des voleurs, à nos 2 Saints, protecteurs de l’ordre.

Cela étant dit et sans faire pourtant fi de l’éventuelle pertinence de ses considérations, le choix de ce sujet repose avant tout sur une intuition : celle d’une continuité, de l’existence d’une « Tradition primordiale » d’un substrat commun entre Janus et les 2 Saints Jean, et plus généralement des cultes indo-européens comme les différents travaux de Georges Dumezil