Je est un autre
La citation d’Arthur Rimbaud « je est un autre » est en elle-même un paradoxe. Elle renvoie à une personne dans son individualité pour ensuite affirmer que « je » est autrui. Il confond ces deux termes, qui par définition sont distingués. L’utilisation de « est » au lieu de « suis » produit un effet d’altérité et présuppose donc une certaine relation, or Rimbaud supprime celle-ci et identifie « je » à autrui. Cette formule pousse à découvrir l'essence de notre identité et définir ce que réellement représente « je ». Tout d’abord, il apparait comme un sujet pensant, responsable de ses action. Mais peut-on considérer un changement de cette entité, surtout dans son rapport à autrui ? Comment peut-on expliquer le dédoublement de l’individu, illustré ici par la citation de Rimbaud ? Il conviendra de voir dans une première partie pourquoi le « je » se pense-t-il d’abord comme un « je » qui n’est pas un autre, puis dans une deuxième en quel sens on peut dire qu’il y a altérité dans notre subjectivité, pour finir sur la structure interne de la personnalité. D’un point de vue social, on est obligé de postuler une identité qui nous représente. On a besoin d’une identité qui nous présente au monde extérieur et qui peut répondre devant les lois, qui relèvent non seulement de la législation, mais aussi de la morale. On ne peut pas avoir des droits et des devoirs autant que citoyen ou avoir des responsabilités morales si le sujet ne s’identifie pas autant que « je ». Locke met en rapport la notion de personne avec celles de conscience et d’identité personnelle. Selon lui, c’est la conscience qui fonde l’identité personnelle, la personne elle-même. Cela suppose donc qu’il n’y a rien de caché au-delà des