Jesus
«Le Golgotha», Jean-Léon Gérôme (1824-1904), Musée d’Orsay
Les «paroles cachées» de Jésus
Jésus dit : «Connais ce qui est en face de ton visage, et ce qui t’est caché se révélera à toi. Car rien de caché ne manquera d’être révélé!» (Evangile apocryphe de Thomas, ludion 5)
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SAVOIR
! / N°16 FÉVRIER 2000
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a découverte d’un évangile perdu dans une jarre
égyptienne en 1946 plonge la chrétienté dans la perplexité. Et si l’on avait retrouvé des «inédits» de Jésus. Une énigme à méditer en cette période d’approche de Pâques.
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Thomas est celui des douze apôtres qui ne crut à la résurrection du Christ qu’après avoir mis le doigt dans les blessures (Jean 20, 24-29)
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ui a dit que l’histoire de Jésus était écrite, une fois pour toutes, aux siècles des siècles? Certainement pas les archéologues et théologiens qui se sont penchés sur une stupéfiante découverte faite à Nag Hammadi, Haute Egypte, en 1946. Des paysans y ont en effet déterré (par hasard) une jarre dont le contenu plonge la chrétienté dans une certaine perplexité : parmi les 1200 pages de textes très anciens qui y ont été enfermés figure une copie en langue copte de l’Evangile perdu de Thomas. Ce texte (qui fait référence au disciple sceptique qui toucha du doigt les blessures du Christ ressuscité) était utilisé au IV e siècle de notre ère par des communautés en marge de l’Eglise officielle, les gnostiques (voir encadré page 25). Si l’existence de cet Evangile apocryphe était connue des théologiens, on en avait complètement perdu la trace depuis le IV e siècle.
Paradoxe de l’archéologie, c’est le disciple emblématique du doute qui nous plonge dans l’étonnement. Car la découverte de Nag Hammadi comporte un enjeu théologique et historique énorme. Comme la chrétienté se fonde largement sur l’enseignement de Jésus, la découverte de 114 paroles du Christ – sous forme d’une «interview» dont on aurait perdu les questions – pourrait bouleverser