Joachim Du Bellay D j la nuit en
OBJECTIFS ET ENJEUX
– Découvrir la forme du sonnet.
– Observer le lien entre le cadre et la femme aimée.
– Étudier l’idéalisation de la femme aimée.
LECTURE ANALYTIQUE
La composition du poème
Ce sonnet en décasyllabes est un modèle du genre : les deux quatrains forment une unité forte puisqu’ils mettent en place le décor dans lequel le poète va voir surgir la femme aimée. Cette unité est bien marquée par l’anaphore de « déjà » en début de quatrain, prélude à l’évocation d’un cadre enchanteur, et d’un moment privilégié : la naissance du jour. Les tercets de leur côté introduisent une autre unité thématique autour de la figure de la femme : la subordonnée de temps introduit une rupture, comme le marque aussi le changement des temps : de l’imparfait de description (« amassait », v. 1 ; « rougissait », v. 5) au passé simple (« je vis sortir », v. 10). Dans ce sizain aux rimes conventionnelles, des termes forts sont associés à la femme aimée et contribuent à la mettre en valeur : l’adjectif « vive » (v. 9) à l’intérieur d’une comparaison méliorative, le gérondif « en riant » (v. 11) qui montre cette femme tout dans le mouvement, enfin le terme « Aurore » (v. 12) qui renvoie ici à la déesse de la mythologie gréco-latine. On peut donc parler d’idéalisation de la femme aimée.
Le décor
Les deux premiers quatrains sont riches en indications de temps, car le poète insiste ici sur le mouve ment même du temps qui s’écoule et voit naître le jour. Le premier quatrain évoque ainsi la fin de la nuit, au moyen d’une image traditionnelle, empruntée à la mythologie : la nuit est ainsi la déesse montée sur son char, précédée de « noirs chevaux » (v. 4). Les verbes d’action, mis à la rime, « amassait » (v. 1) et « chassait » (v. 4), donnent du dynamisme à la scène, tout comme la métaphore filée du berger qui rassemble « un grand troupeau d’étoiles » (v. 2). Une ambiance de clair-obscur se